Le Tricky Kid, ancien membre du Wild Bunch bristolien de Massive Attack, à l'origine du Trip-Hop, s'est taillé une sacré réputation, charriant entre autre tout une somme de malentendus sur sa personnalité. Il reste néanmoins un excellent producteur (8 albums au total depuis l'incommensurable et culte "Maxinquaye", souvenez-vous, c'était en 1995) et un incroyable gourmand musical, digérant toutes ses influences avec une finesse aussi troublante que sa gueule cassée de poète-maudit (encore un malentendu).
Il a créer son propre label (http://www.brownpunk.tv/). Tricky est notamment reconnu comme un "metteur-en-son" hors-pairs de voix féminines. Parmi celles qui sont passées dans son studio: Martina Topley-Bird, Alison Goldfrapp, Björk, Alison Moyet, Neneh Cherry, Emilie Simon, PJ Harvey...
Aussi novateur qu’inclassable, Adrian Thaws, alias Tricky, a marqué la musique des années 90 aussi discrètement que profondément. Ancien membre du collectif rap The Wild Bunch, il suit logiquement ses camarades quand ces derniers fondent le groupe Massive Attack, laboratoire d’une fusion torride entre soul, hip-hop et musiques psychédéliques qui allait donner naissance au trip-hop. Les premiers disques sur lesquels on peut l’entendre sont donc les historiques « Blue Lines » (1991) et « Protection » (1994), où son flow anime des titres comme « Five Man Army », « Karmacoma » ou « Eurochild ». Cependant, dès la sortie de « Protection », ce cerveau bouillonnant conçoit d’autres projets. Sa rencontre avec la chanteuse Martina Topley Bird lui permet de trouver la formule magique de son premier LP, « Maxinquaye ». Fragile, aussi enfantine que subversive, sa voix apporte un contrepoint aux monologues tourmentés et introspectifs du rappeur. A l’image de ce mystérieux duo, l’album déploie des moments d’expérimentation rugueuse (« Ponderosa »), de violence surprenante (notamment la reprise grunge de Public Ennemy : « Black Steel » ) et de sensualité rêveuse, tels « Overcome », version réinventée de « Karmacoma ». Sorti quelques mois après le premier Portishead, « Dummy », « Maxinquaye » contribue à faire de Bristol une capitale éphémère de la pop. Bluffant la critique, ce coup de maître assure immédiatement à Tricky un nom dans le monde de la musique et le showbiz. On le croise donc à l’écran dans « Le Cinquième Elément » de Luc Besson, et on le retrouve aux côtés de personnalités musicales comme Björk ou Neneh Cherry, qui participent toutes deux à l’un de ses nombreux projets secrets, « Nearly God » (1996), album où le nom de Tricky ne figure pas sur la pochette. Le chanteur, décidé à ne pas tomber dans les pièges du star system, s’installe doucement mais sûrement dans une posture radicale qui lui colle encore à la peau aujourd’hui. Malgré la fidélité de Martina, « Pre-Millenium Tension » (1996) gomme à peu près tout ce que « Maxinquaye » pouvait avoir de sexy. Arythmiques, dissonnantes, les boucles piègent en permanence l’auditeur, décidées à lui annoncer le pire. Et malgré des qualités musicales que tout le monde s’accorde à reconnaître, le disque ne va pas sans susciter un certain effroi. Influencé par la drum’n bass de Goldie, le chanteur enfonce le clou avec son album suivant, « Angels With Dirty Faces » (1998). Les beats et le phrasé, plus heurté que jamais, semblent tout entiers dirigés contre l’industrie du disque. Tandis que le trip-hop meurt doucement, faute de combattants, Tricky accuse tout en semblant démissionner, sur des morceaux comme « Record Companies ». Et « Juxtapose » (1999), recueil hip-hop à peine subverti par quelques guitares, fait craindre une retraite trop vite anticipée. « Blowback » sera donc l’une des bonnes surprises musicales de 2001. Redynamisé par un changement de label (il quitte Island pour l’indépendant Hollywood Records), Tricky semble de nouveau s’amuser. Il reprend Nirvana (« Something In The Way »), sample Eurythmics (« You don’t Wanna ») et invite une dream team improbable, des Red Hot Chili Peppers à Cyndi Lauper. Si ce fourre-tout ne ressemble plus à une révolution, il rend à l’artiste sa liberté, lui permettant de s’essayer à l’electro dérangée comme au metal. Bien que sorti discrètement, (sur un label encore différent : Sanctuary), « Vulnerable » (2003) poursuit dans cette voie. Au mépris de toute frontière musicale, on y trouve la même fusion, extrêmement personnelle, entre une culture hip-hop et une culture pop aussi exigeantes l’une que l’autre. Ce qui permet au chanteur de rendre un hommage aux têtes chercheuses d’XTC, en reprenant leur hymne: « Dear God ». Nul ne sait ce que fera Tricky à l’avenir, l’homme ayant tout fait pour être imprévisible. Cela dépendra sans doute de ses relations tumultueuses avec les maisons de disque… Sa dernière apparition date de 2006, puisqu’il a participé à la compilation « Mr Gainsbourg Revisited », avec Placebo, Franz Ferdinand ou Marianne Faithfull. Une nouvelle façon de s’imposer dans la cour des grands !
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