L'hagiographie de Rick Rubin publiée par le New York Times est l'article à lire absolument du moment si vous vous intéressez au moins un peu à la face business de la musique. On y apprend que Rubin est un mec super, avec une oreille infaillible, que c'est un gourou new age génial et qu'il va sauver l'industrie de la musique depuis qu'il est devenu co-directeur de Columbia Records. Il est même capable de faire croire au Times qu'il fait un super boulot alors qu'il a juste ouvert le NME, puisqu'on nous révèle qu'il aurait "découvert" des inconnus comme Gossip et Paul Potts (pas le dictateur mais la star de la télé britannique).
On nous rappelle les faits de gloire passés de Rubin, quand il passait sans ciller de l'invention du hip-hop "commercial" avec LL Cool J à la production du mythique Reign In Blood de Slayer, et puis ces trucs un peu surestimés qu'il a fait avec Johnny Cash. Rubin n'a sans doute pour nous plus la même classe qu'il y a vingt-ans (il produit toujours les Red Hot Chili Peppers !) mais une major comme Columbia a sans doute plus besoin d'un type comme lui que d'un mec hyper pointu qui écoute des trucs bizarres.
L'idée en faisant venir Rubin à la tête de Columbia, c'était d'avoir un type qui connait la musique pour diriger une maison de disques et de tenter de sortir de la crise actuelle non pas avec des root-kits, des procès ou des nouveaux formats farfelus mais en produisant de la bonne musique. A priori, ce n'est pas une mauvaise idée. A la lecture de l'article du Times, Rubin apparait pourtant surtout comme un producteur de luxe avec une grande marge de manoeuvre et un visage un peu célèbre à afficher aux actionnaires et au public pendant que le business est toujours géré par les mêmes gens avec toujours les même vieilles idées faussement neuves et faussement bonnes ("un département en charge du bouche à oreille", franchement).
Bien que ressemblant fort à une pure opération de communication de la part de Columbia à laquelle le Times a bien voulu se prêter, l'article est très intéressant et dégage un parfum de "trop peu, trop tard" qui n'augure pas du meilleur pour l'industrie du disque.
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